Ce que vous devez savoir sur la 5G (II)

C'est pourquoi Swiss Engineering publie deux articles sur la toute nouvelle technologie de téléphone mobile 5G. Le premier article (Lire RTS 10/2021) présente les raisons de la 5G d'un point de vue technologique, économique et social, politique et juridique, et absorde les aspects sécurité. Le deuxième article aborde les aspects liés aux ondes électromagnétiques et les effets potentiels sur la santé. Il présente également l'utilisation de la 5G en Suisse et le positionnement de Swiss Engineering par rapport à la 5G.

La Suisse compte actuellement environ 12'300 installations de téléphonie mobile (70% de macrocellules et 30% de petites cellules). Pour mettre en place un réseau de téléphonie mobile 5G avec une couverture nationale dans les limites des fréquences disponibles et des cellules radio existantes, il faudrait multiplier par 12,4 la puissance d'émission des 8'500 macrocellules. Dans les zones densément peuplées, la valeur limite de l'installation fixée dans l'ordonnance sur la protection contre le rayonnement non ionisant (RNI), qui limite à titre préventif la puissance d'émission maximale d'une installation de téléphonie mobile, est déjà largement atteinte aujourd'hui. Compte tenu des restrictions actuelles, seuls 2% des installations dans les villes et les agglomérations peuvent être étendues avec les capacités nécessaires pour la 5G. En matière de téléphonie mobile, et donc de 5G, ce sont les ondes électromagnétiques qui sont pertinentes. Les ondes électromagnétiques de la 5G se situent entre le spectre des fréquences radio et celui des micro-ondes.

En Suisse, l'exposition au rayonnement non ionisant (RNI) se situe en moyenne à un niveau très bas de 0,2 V/m et est restée stable entre 2008 et 2015. Elle est d'autant plus élevée que la zone est urbanisée. L'exposition moyenne la plus élevée est enregistrée dans les lieux publics. Dans les transports, où de nombreuses personnes utilisent des téléphones portables (0,55 V/m). La plus grande partie du RNI auquel un utilisateur moyen est exposé ne provient pas de l'infrastructure avec les antennes, mais des appareils personnels proches du corps (environ 90%). Les fréquences 5G sont similaires à celles de la 4G et la puissance d'émission est limitée par la loi de manière technologiquement neutre. La forme du signal 5G est également similaire à celle de la 4G (ou WLAN). Conclusion : ce qui est connu des recherches antérieures sur la santé est également applicable à la 5G. Dans son rapport technique de 2019, le groupe de travail mis en place par le Département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (DETEC) a résumé l'état actuel de la recherche sur les effets des rayonnements à haute fréquence sur l'homme et a examiné s'il existait des indices ou des preuves avérées d'effets au regard du principe de précaution. Il a constaté que jusqu'à présent, aucun effet cohérent sur la santé n'a été démontré en dessous des valeurs indicatives de la Commission internationale de protection contre les rayonnements non ionisants ICNIRP (ou des valeurs limites d'immissions du RNI) et avec les fréquences de téléphonie mobile utilisées actuellement.

Les différents scénarios de déploiement de la 5G en Suisse sont présentés dans le rapport du DETEC : « Téléphonie mobile et rayonnement » du 18 novembre 2019.

• L'option 1 correspond au statu quo. Cela signifie qu'avec une VAG inchangée, il faudrait ~26 000 stations radio supplémentaires pour garantir un réseau 5G performant. Cela signifie des coûts d'investissement de ~7,9 milliards de francs, des coûts d'exploitation de 2,1 milliards de francs et une durée de déploiement de 20 à 30 ans.
• L'option 2 consisterait à ne pas modifier le niveau de la VLInst, mais à fixer dans le RNI des exigences plus strictes pour les petites cellules et les antennes adaptatives. Pour garantir un réseau 5G performant, il faudrait donc ~46'000 stations radio supplémentaires. Cela représenterait des coûts d'investissement de ~13 milliards de francs, des coûts d'exploitation de ~3,5 milliards de francs et une durée de déploiement de 30 ans.
• Les options 3,4,5 correspondent à une augmentation de la VLInst, ce qui nécessite une adaptation du RNI. Cela aurait l'avantage de permettre la mise en place d'un réseau 5G performant en quelques années. Il y aurait des coûts d'investissement de ~1 à 3,2 milliards de francs et des coûts d'exploitation de 800 millions de francs. L'exposition maximale serait de 2x à 5x l'exposition actuelle. L'exposition due aux terminaux resterait la même.

La représentation graphique tirée du rapport du DETEC « Téléphonie mobile et rayonnement » illustre les différentes options.

Il est déjà possible d'identifier certains effets qualitatifs de la 5G sur l'écosystème. Ainsi, pour un même volume de données, la 5G consomme moins d'énergie que la 2G ou la 4G. Mais si notre société consomme plus de données, cet effet est annulé (effet de rebond). Les téléphones mobiles 5G consomment des ressources rares et leur production génère du CO2. De plus, les conditions de travail pour l'extraction des ressources nécessaires à leur production ont un impact environnemental et social. Le renouvellement du parc de téléphones mobiles aura donc un impact sur l'environnement. Enfin, le déploiement d'antennes supplémentaires aura également un impact sur le paysage urbain et rural.

Pour ses partisans, la 5G s'inscrit dans la stratégie numérique de la Confédération. La 5G favorise l'innovation et le développement économique, renforce la compétitivité de la Suisse et répond à une demande de la société et de l'économie. Les critiques considèrent que les effets de la 5G sur la santé et l'environnement sont aussi peu clairs que son utilité. Il s'agit de maintenir le principe de précaution en matière de valeurs limites d'immissions et d'éviter un développement qui pourrait ne générer qu'une surconsommation et ne pas répondre aux aspirations de la société. Considérant que les fréquences pour la 5G correspondent actuellement à celles de la 4G, que les valeurs limites d'immissions prévues dans l'ordonnance (ORNI) n'ont pas changé et que les licences pour les ondes millimétriques n'ont pas été accordées, Swiss Engineering est favorable au développement de la 5G. Toutefois, l'impact de l'utilisation des ondes millimétriques sur la santé et l'environnement, en particulier, est un domaine qui doit faire l'objet d'une étude plus approfondie. Swiss Engineering soutient les efforts communiqués le 23 février 2021 par l'Office fédéral de l'environnement (OFEV), selon lesquels l'extension du réseau 5G doit être rendue possible avec des antennes adaptatives tout en respectant les valeurs limites en vigueur pour les installations de téléphonie mobile. Il s'agit de concilier la protection de la population contre le rayonnement ainsi que les intérêts des utilisateurs à disposer d'un réseau de téléphonie mobile bien développé.