A16 : performances techniques pour un panorama préservé

Depuis le 1er janvier 2008, les routes nationales suisses sont sous la responsabilité de l’Office fédéral des routes (OFROU), désormais propriétaire de ce vaste réseau. En partenariat avec cet organe, l’Office des ponts et chaussées poursuit, en tant que représentant du maître d’ouvrage, l’achèvement des tronçons inscrits dans le réseau planifié en 1960.

L’autoroute A16, connue sous le nom de Transjurane, relie Bienne au canton du Jura et se prolonge vers l’Est avec la branche de l’A5 à Bienne, toutes deux entièrement mises en service en 2017. Cependant, des travaux restent en cours, notamment pour combler les lacunes subsistantes à Bienne en direction de l’ouest, une problématique encore non résolue. Ces enjeux seront abordés dans le cadre du projet global « Espace Biel.Bienne Nidau », qui vise à apporter des réponses concrètes et à repenser l’organisation de cet espace stratégique.

L’A16, qui serpente de Boncourt à Bienne en passant par le canton du Jura et le Jura bernois, offre bien plus qu’un simple trajet de 85 km. C’est une véritable aventure visuelle, jalonnée de ponts élégants, de tunnels audacieux et de tranchées spectaculaires, parfaitement intégrés dans le paysage. Et quelle vue ! Traverser cette autoroute, c’est profiter de panoramas imprenables sur des villages pittoresques comme ceux de l’Ajoie ou du Jura bernois tels Court, Valbirse ou Reconvilier. Une route qui allie utilité et esthétisme, faisant de chaque trajet un petit voyage d’émerveillement.

Intégrée au réseau des routes nationales en 1984, l’A16 a été mise en service complète le 5 décembre 2016, après des décennies de travaux pilotés par la Section des constructions routières. Dans le canton du Jura, elle s’étend sur 48 km, de Boncourt à la Roche Saint-Jean.

Financée principalement par la Confédération (95% dans le Jura, 84 à 87% dans le Jura bernois), cette route nationale de 2e classe se compose de sections variées : tunnels unidirectionnels à deux voies, tronçons ouverts avec deux voies et bandes d’arrêt d’urgence, voire quatre voies dans certaines zones. 

De plus, la Transjurane se distingue par la richesse et l'élégance de ses ouvrages d'art, véritables joyaux d'ingénierie qui jalonnent son parcours. Parmi eux, des structures imposantes et des ponts remarquables enjambent vallées et rivières, s'intégrant parfaitement au relief jurassien.

Parmi les constructions marquantes, les ouvrages des Grand'Combes impressionnent par leur rôle essentiel dans la traversée de paysages escarpés. Plus au sud, le pont de la Combe Ronde se démarque comme un élégant passage entre deux versants abrupts. À proximité du Creugenat, les structures se fondent harmonieusement dans l'environnement, témoignant d'un savant équilibre entre technicité et respect du cadre naturel.

Si les viaducs de la Combe Baidîre ou ceux de la Communance rappellent la diversité des défis géographiques relevés par l'A16, l'ensemble de ces édifices souligne l'importance des aménagements pour surmonter les vallées profondes et les obstacles naturels du massif jurassien. Ces ouvrages, loin de se limiter à leur fonction pratique, incarnent un dialogue subtil entre l'homme et le paysage, où la modernité s'allie à la beauté intemporelle des lieux.

Les ponts de la Transjurane, véritables prouesses d’ingénierie, reflètent une approche moderne de la conception des infrastructures. Leur structure mixte acier-béton allie les forces de deux matériaux complémentaires : le béton pour sa résistance à la compression et l’acier pour sa flexibilité et sa robustesse face aux contraintes.

Les ouvrages de l'A16 s'appuient principalement sur deux types de configurations. Les ponts bipoutres, avec leurs poutres maîtresses en acier reliées par des entretoises et leur dalle de béton armé, s’adaptent particulièrement aux portées moyennes. À côté, les ponts en caisson, où la dalle repose sur des structures métalliques fermées, se prêtent aux franchissements plus ambitieux, tout en optimisant la légèreté de l’ensemble.

La conception des ponts mixtes a dû répondre aux nombreux défis imposés par le relief jurassien. Les charges dynamiques, qu’il s’agisse du vent, des mouvements de terrain ou du trafic intense, ont été soigneusement intégrées dans les calculs de dimensionnement. De plus, l’utilisation de connecteurs entre acier et béton garantit un fonctionnement monolithique de ces structures, leur conférant une fiabilité accrue dans le temps.

L’emploi de logiciels spécialisés pour la modélisation a permis une optimisation fine des matériaux, réduisant le poids des ouvrages sans compromettre leur durabilité. Cette approche méthodique a aussi facilité la construction dans des environnements parfois exigeants, comme les vallées profondes ou les terrains instables.

Au-delà des défis techniques, ces infrastructures, la combinaison des matériaux et des méthodes de construction assure non seulement une longévité accrue, mais également un entretien facilité, répondant aux exigences économiques et écologiques actuelles.

Comme toutes les routes suisses, l’A16 est soumise à des normes strictes d’entretien, supervisées par l’OFROU. Parmi les techniques employées, on trouve la « technique point à temps », une méthode de réparation annuelle ciblée, essentielle pour maintenir la qualité de la chaussée.

Cette approche consiste à traiter localement les dégradations, comme le faïençage, les arrachements ou les nids de poule. Une émulsion de bitume et des gravillons fins sont appliqués pour redonner de l’étanchéité à la surface, limitant ainsi la détérioration. Bien que cette méthode entraîne un rejet inévitable de gravillons excédentaires, elle demeure indispensable pour prolonger la durée de vie des infrastructures routières.

Les zones à réparer, identifiées en amont par les services de voirie, font l’objet de travaux ciblés principalement en mai, juin et début juillet. Un entretien minutieux, incontournable pour préserver un réseau vieillissant, mais vital.

Entre ses ouvrages majestueux et son entretien rigoureux, la Transjurane illustre parfaitement comment un réseau routier peut conjuguer efficacité, innovation et harmonie avec le paysage. Un exemple pour la Suisse.